Il est tentant, depuis notre point d’observation contemporain et européen, de fustiger l’idée même des « grandes villes », lieux de déshumanisation, de bruit et de pollution, et de concentration du capital économique, politique et culturel. Mais l’auteur, Ben Wilson, est historien, et même si son copieux récit n’a rien d’un plaidoyer « pro-mégalopoles », il s’est fixé pour objectif de nous rappeler à nous, lecteurs du XXIe siècle, que nos récents ancêtres portaient un regard différent sur ces pôles d’attraction à la fois inquiétants et désirables, noyaux économiques vitaux, mais aussi lieux de sociabilités nouvelles.
La ruée continue
Souhaitant démontrer que la « metropolis » constitue pour lui « la plus grande invention humaine » – c’est-à-dire un ensemble de constructions organiques façonnées par les hommes –, Wilson nous embarque dans le tumulte et les fumées d’une vingtaine de villes emblématiques de l’Histoire : la Rome antique pour la domination d’un pouvoir impérial, Lisbonne ou Amsterdam pour la naissance des premières « villes-monde », New York pour la quête de verticalité, ou encore – dans un chapitre particulièrement abouti – Los Angeles pour la naissance des banlieues et de ce qu’on appelle, en anglais, le « urban sprawl », l’étalement sans limites.
Conflits sociaux, moyens de transport, finances, logement, innovation, pauvreté, cosmopolitisme, climat, gouvernance ou encore planification (ou absence de) sont autant de mots-clés qui reviennent tout au long d’une épopée d’autant plus cruciale à décrypter que la ruée vers les villes, à l’échelle de la planète, n’est absolument pas sur le point de décliner : chaque jour, la population urbaine mondiale augmente de 200 000 individus.
Metropolis, de Ben Wilson, Passés/Composés, 2024.







